Fable du robinet qui fuit
Il était une fois, un robinet gouttait.
À longueur de journée, il fuyait, dégouttait.
Le seul moyen trouvé par l’occupant des lieux
était de le serrer, serrer à qui mieux mieux.
Ne considérant pas que le forcer ainsi
n’allait pas dans le sens de la prophylaxie,
il songea tout de même à changer le clapet
ce qui fit illico l’eau ne plus s’échapper.
Certainement le tout nouveau clapet très souple
au siège s’accordait en eurythmique couple.
Le temps vint que revint – péripétie fortuite ?
une goutte puis deux, présages de la fuite.
L’habitude à serrer par la forte main prise
provoqua promptement le retour de la crise.
Que faire, ô Dieu, que faire, implora l’usager.
Changer de point de vue serait bon de songer.
Il entreprit la chasse à l’obscur sortilège
qui révéla bientôt l’ébréchure du siège.
Il chercha puis trouva l’outil approprié
qui l’ouvrage accomplit sans se faire prier.
L’habitant se promit de plus jamais forcer
mais plutôt d’éclaircir, de chercher s’efforcer.
Et quand la cause point n’est dans la part mobile,
oser dans le rigide affronter l’inhabile.
En fait le robinet tremblant d’être oublié
d’assurer sa fonction s’était cru délié.
Au bord de l’abandon, à l’état de grand manque,
sans la fêlure-alarme, il allait tourner branque.
Le 26 mai 2006