Quand le mot naît
Quand le mot naît, un grand bonheur éclot. Il en est des prodiges qui instantanément babillent clair et net. D’autres prennent leur temps pour énoncer leurs dires. Ce temps leur est essentiel pour comprendre leur pensée, la former, la formuler, bien avant de l’exprimer.
Ce temps de gestation peut durer quelques heures, quelques semaines, des mois ou des années et puis un beau jour, ils me causent, je n’ai plus qu’à écrire.
Chacun m’a parlé, chacun parlera encore quand d’autres yeux glisseront dessus, leur prêteront l’oreille et l’attention. D’autres que moi les entendront, y trouveront bien d’autres sens que je n’avais pas décelés. Chacun laissera de marbre ou suscitera des émotions. Certains feront naître un sourire et d’autres déverser des larmes.
Il en est des joyeux et des mélancoliques, des câlins et des grognons, des violents et des doux, des bleus et des rouges, des terrés et des éthérés, des vifs et des lents, des laids et des beaux, des gentils et des méchants. Et si l’on savait peser l’amour – personne n’a encore inventé la balance pour cela – comme envers des enfants, on s’apercevrait que j’en ai tout autant pour chacun, et autant de différents que de ces enfants-là.
J’aimerais que d’autres que moi les caressent de leurs yeux, les réveillent en les lisant à haute voix, leur redonnent vie et pourquoi pas les aiment aussi.
Le 10 juillet 2008