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en ordre chronologique inverse de publication

Points de suspension

Ô dit, suspends ton vol,
laisse place au non dit,
la place au supposé,
l’honneur au suggéré.

Tout est super posé,
super organisé, amplement maîtrisé,
largement encadré,
en détail expliqué, totalement scellé.

Le lecteur est cerné, son horizon fermé,
étouffée la pensée,
nié l’imaginaire.

Toi qui veut ménager à ton lecteur chéri
une respiration,
laisse son libre cours à son inspiration,
use de suspension,
de ces trois petits points
mais n’en abuse point, ni ne joue ton Solers
car ton lecteur lassé,
pourrait bien te lâcher, se sentant mal en point.

Ménage la surprise, une idée en suspens
et l’esprit déguerpit,
s’envole en baguenaude, part en vagabondage.

Un seul point la clôture, achève cette phrase.
Plutôt que renforcer, plutôt que d’insister,
multiplié par trois,
ce point n’en est plus un.

Ponctuation légère,
telle une bouffée d’air,
la triplette de points ne ferme point la phrase,
lui ouvre à point nommé la porte vers l’espace,
vers un pré vert semé d’élucubrations folles.

Sur le point d’achever l’exposé magistral,
le point est point d’arrêt.
Un possible autre point, celui-ci point d’attache,
serait la liaison,
l’enchaînement menant à la suite entrouverte,
question de point de vue.

Au terme de l’écrit, le point se veut final.
Finalement ce point, comme une mise au point,
rend la chose trop nette,
sans complément possible, sans adjonction aucune,
du style un point c’est tout.

Et si la conclusion était humoristique
ce damné point final pourrait bien devenir
un joli point de chute.

Pourquoi ne pas conclure en points de suspension
et de l’ami lecteur garder la compagnie,
dans la légèreté suggérer rêverie,
offrir prolongations,
et comme un point d’appui pour soutenir l’élan,
apposer un point d’orgue

Le 8 novembre 2008
Christian Hugues