Accueil
Contes
et autres textes
Contes
et autres textes
en ordre chronologique inverse de publication

La saison des passions

Pâques, symbole de renouveau, de renaissance et de vie tout simplement, clôt en apothéose la semaine de la Passion et la saison des Passions de Bach.

La passion, celle de la femme et de l’homme, est félicités et souffrances, enchantements et tourments, délices et tortures. Telle la foudre, elle frappe aveuglément. Elle domine la raison la plus pondérée, trouble les esprits les plus clairvoyants, chavire les plus sensés dans la folie.

Mais sagement, la passion ne dure qu’une saison, une courte saison. Elle éclate, illumine, flamboie, s’enflamme, brûle et se consume en peu de temps.

Avant qu’elle ne soit plus que cendres froides, il reste à découvrir dans cette forêt sombre et embrasée les sentiers étroits et tortueux, escarpés et glissants, longeant des précipices abyssaux, aux pieds de falaises luisantes, bordés de plantes épineuses cachant des serpents venimeux, des oiseaux multicolores et de merveilleuses fleurs parfumées, qui conduisent de la passion à l’amour.

Dès lors, l’amour ressemble à une clairière dans cette forêt où ils ont eu si peur d’être engloutis et de se perdre ; il semble une oasis généreuse en ombre et en eau bienfaisante, rafraîchis­sante et apaisante, dans ce désert où chacun s’est senti si seul parfois.

Cette clairière, cette oasis, comment en faire ensuite un champ fertile, vert et vallonné à perte de vue, parsemé d’arbres prospères, de fleurs et de graines chargées de promesses, d’oiseaux chantant gaiement et librement, champ sur lequel le chariot de la vie avancera ? Comment en faire encore un océan sans limites, aux poissons vif-argent, aux îles accueillantes, aux fosses généreuses, océan sur lequel le bateau de la vie naviguera ?

Une fois fondée la plus petite collectivité possible, ils existeront, affrontant les tempêtes, remontant les pentes, dévalant les vagues, avalant les montagnes, avançant dans la paix, n’ignorant pas la guerre, appréciant le doux, sans peur de braver le dur, vivant pleinement leur vie, leur vraie vie, leur vie collective, la seule qui vaille vraiment d’être vécue.

Le 1er avril 2010
Christian Hugues