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en ordre chronologique inverse de publication

Riendre

Ce 24 avril 2008, j’ai la joie de vous annoncer la naissance de “Riendre”, mon petit dernier, un verbe mesurant à peine sept lettres, plutôt léger car pesant trois fois rien, en bonne santé et bien parti pour une vie inactive.

Et le verbe s’est fait cher, cher ami, cher et tendre ami, serein, apaisé, sachant apprécier le temps qui passe, sentant ce qui l’entoure avec acuité, sans préoccupation ni précipi­tation.

Alors que les nouveaux verbes de la langue française viennent sans cesse grossir le premier groupe, riendre ne fait pas comme tout le monde et naît dans le troisième groupe.

Voici tout sur riendre.

riendre [] v. intr.
  • 2008 ; du lat. rem, accus. de res (chose) et pingere (peindre)
♦ Faire rien et le faire bien. Faire rien avec attention, avec plaisir, pour se faire du bien. Riendre pendant toutes ses vacances, pendant tout un sam’dim’.

Citations :

« Il faut riendre davantage, penser plus et ne pas se regarder riendre. » (Chante Fort)

« On peut riendre et avoir fait. » (Chante Fort)

« Chaque homme doit inventer son riendre. » (Jean-Paul Tartre)

« Pour ce que riendre est le propre de l’homme. » (Rabelette ?)

« Ronde sans fins De mes lutins ; Ô soit qu’ils viennent Ou bien qu’ils riennent. » (attribué à Verveine)

« Maman s’attriste de voir qu’il rient si peu cette année. » (Martin Buvard)

« L’ennemi rient sur l’entrefaite. » (La Tartine)

prov. Tout vient de rien à qui sait bien riendre.
prov. Qui trop embrasse mal rient.
prov. De deux mots, il faut choisir le riendre.
prov. Abondance de riendre ne nuit pas.

♦ Conjugaison : Série No52b - 3ème groupe. Comme peindre (la girafe peut-être ?) en inversant l’e et l’i.

♦ Particularités : verbe profondément défectif mais pas défaitiste.
Riendre s’emploie exclusivement à la forme affirmative et son côté positif s’affirme et s’assume. Je riens par choix.
Contrairement à son apparence passive, riendre se conjugue uniquement à la voix active.
Il ne se conjugue pas à l’impératif car il n’a aucune prétention à s’imposer à qui que ce soit.
Pas de conditionnel non plus car on rient sans condition.
Il ne connaît pas l’imparfait puisque l’objectif de riendre est d’atteindre une certaine perfection due à un état de réceptivité et de perception maximale tournée vers soi-même, les autres et tout le monde extérieur.
Ainsi le plus-que-parfait sera atteint sans la forme de regret qui quelquefois en émane.
Le passé simple et les formes continues (être en train de) s’appliquent car riendre peut durer un instant, un certain temps voire très longtemps.

♦ Historique : Utilisé depuis l’origine des temps et des langues, l’entrée dans les dictionnaires lui fut toujours refusée sans connaître la cause de cette exclusion. Même après les grands mouvements de la société française, riendre ne trouva jamais sa place, pourtant fort judicieuse, entre “rien” et “rieur”.
Peut-être est-il condamné à être définitivement en avance sur son temps et du fait, ne peut-il être accepté pour lui-même, tout simplement comme un mot d’usage courant.

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Voilà que vous connaissez le riendre. Comme je vous connais, probablement l’aviez-vous déjà pratiqué, inconsciemment ou consciemment – personnellement, je préfère nettement la seconde option.
Quoi qu’il en soit, je vous souhaite de l’accueillir avec bienveillance, de l’apprivoiser doucement, enfin de le faire vôtre et qu’il vous accompagne votre vie durant.
À vous de jouer, à vous de riendre, de ressentir cet acte, de vous en nourrir le corps et l’esprit, d’y puiser l’énergie et d’y ressourcer un imaginaire et une créativité sans limites.

Donnez-moi, ne vous déplaise,
des nouvelles de vos riens,
je m’en trouverai fort aise,
vous suivant en tout et rien.

Le 24 avril 2008
Christian Hugues