Quel “r” on préfère ?
Hiver
À peine ouverte, une saison nous fait la fête.
Pour l’occasion fais-toi une nouvelle tête,
Car elle est bien en fait celle du renouveau.
Alors fi du gras foie, mangeons vite un gras veau.
De la saison passée, les couleurs ont fondu,
leur bel enchantement a soudain disparu.
À vivre dans le blanc, le ciel nous habitue.
De bleu pâle et de gris à peine s’il ponctue.
On hâtera le pas pour combattre le froid,
se retrouver tantôt à l’abri du chez soi,
tête dans les épaules, vite entrer dans sa bulle
et comme l’escargot, fermer son opercule.
L’hiver offre à chacun d’extrêmes conditions
que puisse s’accomplir l’élan de compassion.
Les passants du métro, la chaleur de ses rames
réchauffent les sans-toit et raniment leurs âmes.
L’r de froid, l’r de brrr, mois en r, l’r d’hiver,
tu es saison de l’r l’hiver. Le froid de l’air
s’insinue jusqu’aux os mais il nous aiguillonne
pendant que les flocons en tombant tourbillonnent.
Les verts buissons-ardents, d’oranges baies pallient,
abris, garde-manger, l’infinie pénurie.
Mais la froidure pire, en avons-nous si peur,
pire que froid d’hiver, se situe dans le cœur.